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Herbier du Collège St Cyr de Matour
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14 juin 2010

Le noisettier

Le noisettier

Son nom

Corylus signifie « casque », par allusion à la forme des bractées du C. avellana (qui donne l'aveline du commerce). «Noisetier» serait dérivé de « noisette » (et non pas l'inverse comme on pourrait le croire), lui-même étant dérivé de « noix », qui vient du latin nucis.

« Coudrier » vient, par déformation, du latin corylus. On parlait jadis de « coudrettes » et d'une « coudraie » (une plantation de coudrier). Mais pourquoi donc deux noms pour désigner un seul arbuste? Difficile à expliquer d'autant plus qu'il semble bien qu'ils soient apparus dans la langue française à peu près en même temps, soit autour du 13e siècle. « Noisetier » a fini par remplacer « coudrier » dans l'usage, mais les deux noms ont cohabité pendant quelques siècles puisque, à son arrivée au Québec au 16e siècle, Jacques Cartier remarqua une île où poussait une énorme quantité de coudres et que, pour cette raison, il nomma « Île aux Coudres ».

« Aveline » vient du nom latin (C. avellana) de l'espèce la plus souvent cultivée tant en Europe que dans l'ouest des États-Unis.

En anglais, la plante porte aussi deux noms qui semblent avoir évolué parallèlement. Ainsi, on l'appelle tantôt hazel, mot d'origine allemande, tantôt filbert, mot emprunté au français et qui vient du nom de Saint-Philibert dont on fêtait l'anniversaire le 20 août, lequel anniversaire tombait en pleine période de récolte de noisettes. Par ailleurs, dans les deux langues, le substantif français « noisette » en est venu à désigner une couleur, un petit morceau d'un aliment quelconque, un plat à base de boulettes de purée de pommes de terre, rissolées, ainsi que le beurre cuit lorsqu'il prend une teinte roussâtre.

Et ça se mange?

Il semble bien qu'on n'ait consommé que le fruit du noisetier. On ne trouve nulle part d'allusions à de quelconques emplois culinaires pour l'écorce ou les feuilles, qui sont probablement trop astringents. Avec la noix longue et la noix de caryer - plutôt rares au Québec - la noisette est notre seul fruit oléagineux. Or, il se trouve que c'est aussi le plus digeste, toutes catégories confondues - la noix, l'acajou, la pacane, la pistache, etc. Elle se prête à une multitude de possibilités, allant de la noisette fraîche au beurre ou à la purée, en passant par le pain et une panoplie de desserts, dont le célèbre nougat.

Les Amérindiens récoltaient les noisettes sauvages du mois d'août au mois d'octobre et les entreposaient jusqu'à ce qu'elles soient complètement mûres. Pour les débarrasser de leur enveloppe hérissée de piquants, ils les enterraient plusieurs jours dans de la terre humide. Ou alors, ils les plaçaient dans un sac qu'ils frappaient avec un bout de bois. Ils n'hésitaient pas non plus à fouiller les caches des écureuils et des autres petits mammifères pour chiper leurs noisettes. En guise de remerciement, ils laissaient parfois dans la cache un « cadeau » : faînes de hêtre, samares d'érable ou autres graines dont ils disposaient en abondance. Dans certaines communautés, les noisettes constituaient un important article d'échange. Dans l'Ouest, par exemple, on les échangeait contre des amélanches séchées, des baies de shepherdie ou de la racine de lewisie, extrêmement prisée malgré son amertume.

Mangées telles quelles, crues ou cuites, on les faisait également bouillir dans de la soupe, ou bien on les séchait et les mettait de côté pour l'hiver. Les Iroquois les faisaient cuire (ainsi que d'autres noix) avec de la semoule ou de la soupe de maïs, ou ils les réduisaient en poudre et les ajoutaient aux puddings et aux pains. On les faisait bouillir pour obtenir de l'huile qu'il suffisait ensuite de recueillir à la surface de l'eau. Cette huile était consommée avec du pain, des pommes de terre, de la citrouille, de la courge, du maïs et divers autres aliments. Les tourteaux étaient consommés avec des pommes de terre pilées et d'autres aliments. Dans l'Ouest, on les mélangeait à de la graisse ou de la viande d'ours, parfois avec des baies ou des racines cuites, puis on en formait des galettes que l'on faisait sécher ou bien que l'on conservait dans les intestins nettoyés d'un animal abattu. C'était considéré comme un plat de choix.

Tout comme pour nous à une certaine époque, la période de Noël était celle où les Amérindiens consommaient le plus de noisettes.

P1010538

Et ça soigne quoi?

Selon les régions, les Amérindiens employaient le coudrier pour soigner certaines maladies cardiaques (ce qui peut s'expliquer par ses propriétés vasoconstrictrices) ou, avec d'autres espèces, pour soigner les maux d'yeux. Par voie externe, ils plaçaient autour du cou des tout-petits des colliers constitués de fragments de tiges, remède qui était censé calmer la douleur de la dentition.

Dans la tradition européenne et nord-américaine, le noisetier ne semble pas avoir occupé une place importante si on en juge par le peu de cas qu'on en a fait dans les traités médicaux, d'où il est très souvent carrément absent. Peut-être l'hamamélis (qui, en passant, porte en anglais le nom de witch-hazel, littéralement « noisetier des sorcières ») l'a-t-il éclipsé. On sait en effet que cette plante d'origine américaine a été rapidement adoptée en Europe pour ses remarquables propriétés vasoconstrictrices.

Malgré tout, diverses parties du noisetier ont été employées en médecine :

Les feuilles : les feuilles constituent un bon tonique veineux et, comme on l'a dit, un bon vasoconstricteur, ce qui les rend utiles dans le traitement des varices, des troubles circulatoires et de l'oedème des jambes. En usage externe, elles sont cicatrisantes, particulièrement en cas de dermatoses.

L'écorce : par voie interne, l'écorce est fébrifuge et on s'en est servi pour soigner les états fiévreux. Par voie externe, elle est cicatrisante, particulièrement s'il s'agit d'ulcères et de plaies atones.

Les chatons : les chatons sont diaphorétiques (c'est-à-dire qu'ils font transpirer) et amaigrissants.

Les poils recouvrant l'involucre : tout comme les poils des pois à gratter (il s'agit d'une toute autre plante que l'églantier, dont le fruit possède des fins poils - désignés sous le nom de « poil à gratter » - qui provoquent une démangeaison lorsqu'on les applique sur la peau), les poils recouvrant l'involucre du fruit ont servi de vermifuge. On disait qu'ils agissaient mécaniquement, sans qu'on sache toutefois si c'était en excitant les intestins au point qu'ils rejettent tout leur contenu, vers inclus, ou si c'était en irritant et en incommodant tellement les vers que ces derniers ne souhaitaient plus qu'une chose : sortir de là dans les plus brefs délais. Personne n'a offert d'explication à cette épineuse question. En tout cas, le remède consistait à prendre une dose de poils trois matins de suite, et quelques heures après la dernière dose, à avaler un purgatif puissant.

Les feuilles se préparent en infusion à raison de 25 grammes par litre d'eau bouillante qu'on laisse macérer toute la nuit. L'écorce des jeunes rameaux et les chatons, se préparent en décoction, à raison de 25 grammes par litre d'eau pour la première et de 30 grammes par litre d'eau pour les derniers.

Enfin, sans être médicinal, le « lait » que l'on tire de la noisette agirait doucement sur les intestins en améliorant leur fonctionnement.

arb_plante_061l'arbre

au printemps  P1010541  la fleur mâle  P1010382  la fleur femelle

en autonme P1010517 en été  c'est le fruit du noisettier

en hiver

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